Rencontre(s) de l'art et de la pédagogie - 3 avril 2018

Dans le cadre des JACES  (Journées des Arts et de la Culture dans l'Enseignement Supérieur) qui ont eu lieu les 3, 4 et 5 avril 2018 et du projet IDEFI PaRé, une journée d’études sur les approches sensibles dans la pédagogie à l’Université a été organisée le mardi 3 avril 2018.

L'objectif de cette journée était de s'interroger sur la place de l'art et de la culture dans la pédagogie à l'Université à partir les questionnements suivants :
 
- Comment s'appuyer sur ce qui se joue dans les pratiques artistiques et culturelles pour développer des pratiques pédagogiques qui favorisent la réussite des étudiants ?
- Comment analyser, caractériser, s'approprier l'approche sensible (pratique, perception, réflexion) pour nourrir nos modalités pédagogiques ? 
- Comment aménager le temps et l'espace d'un cours pour que les étudiants soient dans un temps présent, un engagement favorable aux apprentissages (la cérémonie, le jeu…) ? 
- Comment travailler avec un artiste pour développer d'autres approches d'enseignement ? 
 
 
Initialement, ces rencontres devaient se dérouler sur une journée entière mais le mouvement de grève en place ce jour-là et les problématiques de transport qu'il a engendrées, ont réduit ce temps à une demi-journée de conférence, table ronde,  témoignages le matin. Les ateliers de pratiques artistiques prévus l’après-midi ont été annulés.

Dès 8 h 30, la trentaine de participants a été accueillie autour d'un café d'accueil à la Maison des Etudiants. Puis, Sarah Vaysset, Déléguée Académique à l'Action Culturelle et Isabelle Lamothe, Vice-Présidente Culture et Vie de campus de l'université de Poitiers, ont ouvert la journée. 

Les participants ont ensuite visionné une vidéo présentant le retour d'expérience de l'intervention d'artistes (expérience menée par des musiciens intervenants du CFMI de l’Université de Poitiers) dans une école élémentaire de la région, laissant apparaitre et se raconter à la fois les émotions et les ressentis des élèves et de leurs enseignants, ainsi que les transformations pédagogiques envisagées par les enseignants à la suite de ces expériences. 
 

"Je suis très heureux d'avoir accepté d'être déstabilisé" 


Alain Kerlan (cf. biographie en encadré) a proposé une conférence intitulée « L’art et l’artiste dans la formation universitaire : pourquoi, comment ? Expérience esthétique et éducation démocratique ». Par de nombreux exemples comme ceux qu'il a découvert aux Etats-Unis où les liens sont nombreux entre art et pédagogie (Project Zero de Nelson Goodman à Harvard ou au Black Moutain College), il a interrogé la place de l'expérience esthétique et artistique dans l'éducation (élémentaire, secondaire ou universitaire). 

 

"Il faut avoir le courage de sa philosophie. Si l'art est une condition essentielle de l'humanité, cette place est justifiée anthropologiquement. Il faut que tous les étudiants et les enseignants vivent cette expérience esthétique. L'Université peut jouer un rôle important dans ce parcours."


Enfin c'est avec le regard ouvert par les nombreux exemples inspirants du travail d'Alain Kerlan au sein de l'université Lyon 2, que s’est tenue la table-ronde, animée par la journaliste Stéphanie Pichon sous la thématique suivante : "ce que transforme, ébranle l’approche sensible sur les normes et l'espace-temps ? Comment cela nourrit la pédagogie ?". 

Les participants étaient les suivants : 
- Virginie Migeot : Professeur d’Université Praticien Hospitalier initiatrice du projet Come In pour le bien-être des étudiants en faculté de médecine – qui comporte une dimension « approche artistique » avec la mise en place d’un chœur
- Julien Celle : professeur d'arts plastiques détaché dans l'enseignement supérieur auprès de l'ESPE de Poitiers. Intervenant dans la formation des enseignants du premier comme du second degré : en arts plastiques et histoire des arts pour les professeurs des écoles puis pour les professeurs d'arts plastiques en tant que formateur.
- Vincent Baudet, principal du collège Jean Monnet de Lusignan pour le projet artistique «portrait/autoportrait »
- Théophile Sclavis, comédien, marionnettiste et pédagogue de la compagnie Studio Monstre pour le projet artistique « portrait/autoportrait »


Encore une fois, les exemples et témoignages furent nombreux, mettant en avant l’enjeu nécessaire et fondamental de rencontrer les artistes et de vivre des expériences esthétiques de la maternelle à l’université, invitant à de nouvelles  approches sensibles en pédagogie.
  
 

Cette matinée s’est conclue par d’autres présentations et témoignages d’expériences artistiques menées à l’université de Poitiers :
- Le visionnage des courts-métrages réalisés par les étudiants qui ont participé aux ateliers de pratiques artistiques avec Odile Magniez, Les Yeux d'IZO. Chaque étudiant s’est présenté et a pu faire part de son expérience enrichissante et de son ressenti sur cette pratique.
- La présentation de la vidéo retraçant quelques moments du processus de création et de la représentation de la pièce Castors (puisque tout est fini) au TAP le 28 avril 2018, des étudiants de l'atelier de recherche chorégraphique, fruit de la résidence d’artiste avec Marlène Saldana et Jonathan Drillet. Cette vidéo a été réalisée par le service I-médias de l'université de Poitiers.
 

Nous remercions chaleureusement l'ensemble des participants à cette demi-journée de réflexion et de témoignages d’expériences qui fut une belle introduction à la réflexion, que nous souhaitons poursuivre, sur l'intégration des pratiques artistiques et leurs bénéfices au sein des nouvelles pratiques  pédagogiques à l'Université.

Vous pouvez retrouver dès à présent :
- les interventions filmées de cette journée sur le site UPTV.
- la biographie d'Alain Kerlan (en encadré)
- la présentation des ateliers prévus initialement l'après-midi avec la biographie des intervenants

 

 
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 Alain Kerlan est philosophe, professeur émérite à l'université Lumière Lyon2. Membre du laboratoire Education Cultures Politiques, il y a créé l’axe « Politiques de l’art et de la culture en éducation ». Son travail et ses publications se situent aux carrefours de la philosophie, de l'art et de l'éducation. Il a publié plusieurs ouvrages, dont notamment : L'art pour éduquer ? La tentation esthétique (PUL, 2004), Paul Ricoeur et la question éducative PUL, 2011, co-direction D. Simard), Repenser l’enfance ? (Hermann, 2012, co-direction L. Loeffel), Un collège saisi par les arts (l’Attribut, 2015), Cet art qui éduque (Fabert, 2016, avec Samia Langar), Enfants et artistes ensemble (Presses universitaires de Lorraine, 2016, avec A. D. Robert). En complicité avec l’artiste Yves Henri, il est engagé aujourd’hui dans une expérience de résidences et de « performances » à la croisée de l’art, de la philosophie et de la pédagogie. 
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